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Un soupçon d'humilité dans mon café


L’heure du souper arriva. Plus de poulets. Pour un restaurant normal, ce ne serait pas la fin du monde mais quand il s’agit d’une rôtisserie et qu’il s’agit de ton mets principal, la situation est pour le moins incommodante. Une vive discussion s’installe alors entre l’employé et moi. Cris, jurons et colère poussent le cuisinier à me menacer de quitter le resto. Je l’enjoint de le faire si cela lui chante. Ego ego ego. Il partit. L’essentiel à ce moment pour moi était de ne pas perdre la face. Mais j’avais perdu un brin de crédibilité. Cette mésaventure m’apprit a ne pas gérer avec mon ego aux commandes. Fatal. Écouter, comprendre, questionner et décider. Être gestionnaire n’est pas un jeu de pouvoir. Mais bien un rôle de guide afin d’orienter une équipe dans la bonne direction. À partir de ce jour-là je mis un soupçon d’humilité dans mon café.

Du haut de mes 25 ans, je savais. Du moins, je croyais savoir. Dieu seul sait combien je savais ! La conviction de tout connaître et l’assurance démesurée de mes capacités gonflaient à bloc toutes mes actions et mes décisions.

Gestionnaire orgueilleux avec un égo surdimensionné, un mur m’attendait au détour. Inévitable. La vie a le devoir de t’apprendre les vraies choses. Et parfois bien durement.

Tout cela a débuté un beau matin bien ordinaire. Une vive confrontation avec un employé de la cuisine a déclenché ma testostérone dans le plafond. Bien campé dans mon poste de directeur du restaurant, il n’était pas question de donner raison à ce jeune. Oh que non ! J’avais une réputation à défendre moi ! La controverse en question se déroulait au sein même de la cuisine et portait essentiellement sur la décision de cuire ou non de nouveaux poulets.

Bien que j’écoutai les arguments du cuisinier, mon orgueil refusa d’abdiquer. Un gladiateur ne cède pas. Mon égo me dictait la marche à suivre. Pour le jeune cuisinier, il n’y avait aucun doute, il fallait cuire de nouveaux poulets si on ne voulait pas en manquer pour le souper. Je pris la décision inverse. Le véritable motif de mon choix tenait davantage à démontrer qui était le véritable patron plutôt que d’accepter sa recommandation. Plutôt mince.

Mauvaise décision.

L’heure du souper arriva. Plus de poulets.

Pour un restaurant normal, ce ne serait pas la fin du monde. Mais quand il s’agit d’une rôtisserie et qu’il s’agit de ton mets principal, la situation est pour le moins inconfortable. Une vive discussion s’installa alors entre l’employé et moi. Cris, jurons et colère poussèrent le cuisinier à me menacer de quitter le resto. Je l’encourageai à le faire. Maudit orgueil !

Il partit.

L’essentiel à ce moment pour moi était de ne pas perdre la face. À défaut de perdre la face j’ai perdu ma crédibilité. Le piédestal sur lequel j’étais monté venait de s’effondrer. Tant mieux.

Cette mésaventure m’apprit à ne pas gérer avec mon égo aux commandes. Un mélange adéquat d’égo et d’humilité s’avère une combinaison parfaite pour assurer un leadership efficace. Il n’existe aucun leader sans égo. Mais savoir écouter, comprendre, questionner et décider nous assure une grande confiance de notre équipe et surtout un plus grand respect.

Être gestionnaire n’est pas un jeu de pouvoir. Mais plutôt être un guide afin d’orienter une équipe dans la bonne direction. À partir de ce jour-là je mis un soupçon d’humilité dans mon café. Certains jours davantage même.

Être gestionnaire pour moi, ce n’est pas un statut mais un état. Toute ma carrière, ce poste m’a permis d’apprendre. Apprendre, probablement la plus grande découverte que je fis en accédant à ce poste.

Et ce n’est pas encore fini, loin de là.

Mon café n’a plus la même saveur depuis ce jour-là.

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